samedi 26 mars 2016

Semaines 11 et 12 : des vacances mouvementées !

Les examens scolaires du deuxième trimestre ayant débuté le jeudi 10 mars et étant suivi de vacances jusqu'au 28 mars, j'ai décidé de partir me promener un peu dans Haïti !

Tout d'abord, j'ai assisté le samedi 13 mars à 17h au mariage de Nono, l'homme à tout faire du guest-house, un joli mariage riche en émotions et en fou-rires de la mariée avant une petite réception à la maison.A 21 heures, nous avons fini les rangements et j'ai pu terminer ma valise, car je partais à 4h30 le lendemain matin....















Je me lève à au réveil de mon iphone à 4h et me prépare tranquillement....en regardant mon téléphone local, je m'aperçois qu'il indique une heure de moins, soit 3h et des poussières...Je me rends compte qu'Haïti devait changer d'heure ce jour-là, mais je trouvais étrange que personne ne m'en ait parlé.... J'ai donc échangé avec Emanette, la maman qui, heureusement, voulait se lever pour mon départ. Après quelques confusions (il se passait la même chose sur ses téléphones), elle m'explique qu'Haiti a renoncé à prendre l'heure d'été, mais nous en avons déduit que les programmations d'heure automatiques internationales n'avaient pas enregistré ce changement.... Nous sommes donc retournées nous coucher une heure.... A ce moment, Annette la cuisinière s'est aussi levée pour me dire au revoir, car j'avais oublié de lui dire que je partais. Cela m'a touchée, car elle s'est levée une heure plus tôt que d'habitude après une semaine très chargée entre un groupe d'américains et les préparatifs du mariage !
Ensuite, une moto-taxi est venue m'amener jusqu'au bus qui attendait devant la compagnie. Une magnifique organisation m'attendait : un petit déjeuner offert (pâtés et café), une étiquette pour la consigne du bagage, un départ à 5h pile comme prévu. La femme de l'agence m'avait aussi appelée à 4h10 pur me rappeler que je devais être présente à 4h30 au car. Une belle organisation ! C'était parti pour 7h de route avec deux arrêts (un en pleine nature pour les besoins urgents et un à un relais-routier pour une possibilité de snacks).
La route pour aller aux Cayes m'a semblé moins "scabreuse" qu'à l'aller, d'une part le soleil s'est levé et j'ai donc vu la route et, d'autre part, je crois que je me suis  habituée aux routes défoncées !



A l'arrivée, Isael, le chauffeur qui m'avait amené à Jérémie, m'attendait afin de m'accompagner jusqu'à l'hôtel, car Emanette et les inspecteurs ne voulaient pas que je me promène seule à Port-au-Prince. Pauvre Isael qui m'attendait dès 11h à la station....Je suis arrivée à 12h, mais il nous a fallu attendre passé 13h pour nous retrouver, car nous n'étions pas au même terminus ! :-(
De là, nous avons décidé d'aller à pied à l'hôtel qui était à moins d'un kilomètre (il n'avait pas de véhicule ce jour-là). Manque de chance pour moi, nous avons passé devant l'hôtel sans le remarquer et 300 mètres plus loin, en croisant un jeune, je me suis fait arraché mon collier en or....J'avais oublié que Port-au-Prince n'était pas Jérémie ! J'étais vexée d'avoir oublié cela et de ne pas avoir vu l'hôtel en passant devant !
Après une bonne nuit, un chauffeur m'a amené le lendemain matin prendre un mini-bus pour Saint-Marc. Cela a été une nouvelle promenade dans PaP qui est vraiment dans un sale état. A l'arrivée à la station-bus, ce fut l'immense bousculade des "guides"pour prendre mon sac-valise afin de m'emmener dans un de leur mini-bus. Finalement, j'ai payé pour deux places (6.- CHF) et j'ai pu m'installer seule à côté du chauffeur (le fait d'être une vieille blanche facilite les attentions ! ). Après une heure de route (bien goudronnée et permettant une conduite rapide), je suis arrivée à Saint-Marc. Là, 5 minutes de taxi-moto pour m'amener au tap-tap pour Pont-Sondé. A nouveau de la chance, car plutôt que m'entasser à l'arrière d'un véhicule, nous avons été deux femmes à nous assoir à côté du chauffeur du tap-tap suivant encore vide ! Enfin, Wedson, le mari de Céline mon amie, est venue me chercher avec son véhicule pour aller chez eux à Deschapelles.



 Le tap-tap bien rempli dans lequel je n'ai pas voulu m'entasser....
il a fallu le pousser pour qu'il démarre....









 J'y ai passé une très belle semaine... Dès mon arrivée, j'ai assisté à un atelier-séminaire donné par Céline sur la psychomotricité et le Tangram aux enseignantes du pré-scolaire et de 1AF. Le lendemain après-midi, c'est moi qui ai donné ma formation lecture aux enseignants en formation à l'école normale (une cinquantaine d'enseignants déjà en fonction mais en première ou deuxième année de formation). Le mercredi ce fut journée de repos et du jeudi au samedi, Doris, une autre enseignante suissesse en visite, a donné une formation sur la communauté de recherche philosophique et, ayant beaucoup entendu parlé de ce thème sans jamais avoir suivi de formation, j'ai été très intéressée d'y assister. Là aussi, pendant trois jours, une quarantaine d'enseignants ont participé de 8h à 15h avec un repas à midi. Ce moment a été riche et m'a permis de nouveaux contacts.

 Chaque jour, nous avons pu profiter de la piscine du campus de l'hôpital juste à côté de chez Céline et Wedson et cela nous a fait beaucoup de bien ! J'ai été enchantée de vivre avec eux et leurs deux enfants (7 mois et 2,5 ans), de découvrir leur nouvelle maison finie l'an dernier et de faire aussi la connaissance de Doris. Cette dernière et moi étant absentes le jour de Pâques, nous avons fait un atelier de décorations de Pâques...Plusieurs enfants du quartier se sont joints pour la décoration des oeufs.












































Le dimanche, Wedson m'a emmenée à Pont-Sondé où il m'a trouvé un mini-bus pour les Gonaïves (toujours à côté du chauffeur), puis de là j'ai pris un tap-tap pour les trois heures de trajet jusque Cap-Haitien. Ce trajet m'a permis de traverser les magnifiques plaines de l'Artibonite avec ses nombreuses rizières, puis les montagnes où les routes ne valaient guère mieux que celles de la Grande-Anse. Dans le tap-tap, nous étions tout d'abord 8 et je trouvais cela confortable, mais le véhicule a attendu d'être plein avant de partir et à 12, c'était un peu épique mais folklorique ! ;-)


Les rizières de l'Artibonite




La traversée des massifs montagneux


Pas besoin d'airbag en tap-tap :
tes voisins sont là ! 






Une route en travaux donc en cailloux pour traverser les montagnes...














Lundi 21 mars, premier jour à Cap-Haïtien. J'ai visité un peu la ville (un peu plus propre que PaP, mais comme ils vident les égouts, il y a des endroits "odorants").





La cathédrale de Cap-Haïtien, bordée par une très belle place publique et en face de la mairie !









Les ouvriers vident les égouts et les gens viennent entasser leurs propres encombrants par dessus en attendant qu'un camion vienne y ramasser ( quand ? pour y mettre où ?).
Partout, cela complexifie la circulation et empêche même l'accès à certains chemins.














J'ai décidé de rentrer à pied à l'hôtel à l'entrée de la ville et 200 mètres avant d'arriver, alors que j'avais fait plusieurs km, un monsieur m'a crié "attention" alors je l'ai regardé et suis tombée dans un des trous qui donnent sur les égouts, résultat un gros trou dans le mollet et l'écran de mon appareil photo qui a explosé. Tout de suite le monsieur m'a fait monter sur une moto-taxi et nous avons été à trois pour me conduire à l'hôpital afin d'avoir des points de suture. Ce monsieur, Louis, peintre artiste de métier, a été adorable : il m'a accompagnée, conduit, entourée, a été à la pharmacie chercher ce que le médecin demandait pour pouvoir me soigner (une aiguille médicale, du fil et une seringue) et il m'a aussi acheté de l'eau. Après deux heures et un nouveau passage en pharmacie pour des comprimés contre la douleur, d'autres contres les infections et de la vitamine C pour la cicatrisation, il m'a raccompagnée à l'hôtel avant de revenir avec des peintures...Forcément que je lui en ai acheté !

 


un p'tit trou, des p'tis trous, toujours des p'tits trous !




Mais ma journée n'était pas finie, car à peine arrivée à l'hôtel, j'ai voulu laver mes baskets pleines de sang et là c'est le lavabo qui s'est effondré sur mes pieds me coupant un peu. Donc changement de chambre obligatoire !







J'avais décidé d'aller 2 jours au village de Labadie (mercredi 23 et jeudi 24), mais comme je devais changer de pansements tous les 3 jours, j'ai renoncé, ce d'autant plus qu'il ne m'était plus possible de me baigner et de faire de la plage ! J'ai donc prolongé mon séjour à Cap Haïtien en prenant tout d'abord le mardi de repos, car les émotions m'ont vidées ! Le mercredi, ma jambe ne me faisant pas souffrir, j'ai pris un tap-tap qui m'a conduit à Milot. De là, en moto avec le chauffeur et le guide, puis à cheval, nous avons grimpé les 900 mètres de dénivelé, sur une route de pierre avec une pente incroyable, pour atteindre la forteresse de la Citadelle, monument le plus connu d'Haïti. Après une visite de ce magnifique lieu avec des paysages incroyables, le cheval puis la moto m'ont conduit aux ruines du  palais Sans-Souci qui surplombe cette jolie petite ville de Milot. J'ai adoré cette sortie, même si le fait d'être sur un cheval ne m'inspire pas vraiment ! Mais cela était idéal, car je n'avais ainsi pas trop à marcher, ce d'autant plus qu'il fallait compter plus de 2h par trajet sur une pente importante.





















Jeudi 24, je suis allée à l'hôpital pour changer mon pansement et j'ai visité un petit marché d'artisanat. Enfin, j'ai été dans un shop de station d'essence (le supermarket du coin) afin d'acheter des petites provisions pour mon retour. Le soir, j'ai eu droit à un hamburger-frites spécialement préparé pour moi et je l'ai dégusté en admirant le lever de la lune. En effet, chaque jour, j'ai bien mangé à l'hôtel, mais je n'avais pas toujours le choix, alors j'avais demandé si je pouvais avoir une petite faveur pour le hamburger le dernier soir et ils ont gentiment accepté de me gâter ! Merci !!!!!
















Voilà, hier, vendredi 25, j'ai effectuer la moitié de mon chemin de retour avec les 6 heures de bus reliant Cap Haïtien à Port-au-Prince. Aujourd'hui journée tranquille au guest-house méthodiste de Pétionville où j'ai déjà séjourné en janvier et demain dernière partie de mon voyage avec 7 de bus jusqu'à Jérémie.... le travail reprenant lundi 28 mars (apparemment ici le lundi de Pâques n'est pas considéré comme jour férié de fête !).

Après ces quinze jours de bons, et quelques désagréables, moments, je suis contente de retourner à Jérémie et ai déjà quelques petits nouveaux projets en tête dont je vous parlerai prochainement !

A tout bientôt et bonnes Pâques à tous !

mercredi 16 mars 2016

Semaines 8, 9 et 10 : un bon rythme de croisière…




La semaine du 22 février s’est avérée assez chargée et emblématique d’une semaine intéressante, comme je les aime !

Dès le lundi matin, j’ai eu un coup de stress. En effet, nous avions convenu avec l’inspecteur que je verrai plus régulièrement les enseignants de collège voisin et j’avais proposé de les voir la première semaine de mars pour parler du comportement des élèves en classe en lien avec la gestion de classe. Vers 9h30, l’inspecteur m’annonce que je verrai dorénavant les enseignants tous les lundis de 15h à 17h et que la première séance aurait lieu l’après-midi même ! Heureusement que j’avais déjà jeté les bases des points que je voulais présenter, mais autant dire que le reste de la matinée et tout le temps jusqu’à 14h15, moment où je suis partie à pied pour aller à l’école, ont été laborieux ! La séance a été assez instructive, mais les enseignants n’ont pas oublié de me rappeler que ces séances de travail n’étaient pas prévues sur le calendrier, qu’ils avaient beaucoup à faire (une d’entre eux par exemple enseigne l’après-midi dans une école publique !) et que, vu les salaires non payés, c’était vraiment difficile…opinion que je comprends très aisément ! J’ai tout de suite pu leur annoncer que nos réunions seraient hebdomadaires dès le mois d’avril mais qu’en attendant je ne les verrai que ce jour et le 7 mars et ce pour des questions d’organisations déjà mises en place ! Pour finir, le 7 mars, la séance a été annulée, car tous les enseignants ou presque se rendaient à un enterrement. Dès lors je les retrouverai en avril et on verra quel rythme de séance nous pourrons avoir !!!!

Lors de cette séance, sans le directeur et sans inspecteur à ma demande, les enseignants ont tous reconnus que, malgré l’interdiction émise par l’Etat, « les enfants les obligent à leur donner des coups de fouet » afin qu’ils obéissent. Je me suis permis de reprendre cette formulation, car je ne pense vraiment pas que ce sont les élèves qui obligent les enseignants à les frapper ! Cette pratique est encore très courante et les autorités le savent, j’ai même été témoin auditif à la maison de coups de ceinture (ou autre ?) donné par la mère à un de ses enfants. J’ai beaucoup de peine à accepter cela, même si je sais qu’ici c’est une pratique courante et « admise ». Une autre punition des enseignants est de faire mettre l’enfant à genoux à côté du pupitre, je leur ai rappelé que c’est devant Dieu qu’on s’agenouille, les enseignants sont-ils Dieu ? Je vais avoir beaucoup de travail pour leur faire comprendre la différence entre punition et sanction, crainte et respect de l’enseignant ... :-( En contrepartie de l’abandon de ce qui pour moi sont des humiliations, je dois leur donner des outils et des idées pour apprendre à faire autrement. J'ai heureusement pu leur lire des extraits de témoignages d'enseignants haïtiens qui ont été mis en page par Céline Nérestant dans le journal de l'Educateur et leur montrer ainsi qu'il est possible de changer.
                                                                                                                                                             Le mardi, j’ai eu la joie d’aller visiter l’école David : 1h20 de voitures sur des chemins défoncés avec, pour la première fois, la vue du brouillard sur la rivière dans la vallée et un petit arrêt pour dégager les troncs qui empiètent sur la route !

Nous nous sommes arrêtés au CREP de Laferme que nous avons visité afin de saluer les enseignants et les élèves. 















Puis, laissant la voiture parquée dans la cour de l’école, nous avons eu 1h20 de marche pour atteindre le village de montagne de David. Un sentier avec relativement peu de montées/descentes, car nous longions les flancs des montagnes, mais une quantité incroyable de cailloux, plus ou moins gros, roulant sous mes petites basketts de tissu. Pas très confortable et encore moins quand tu oublies de mettre des petites chaussettes…Une cloque sur chaque gros orteil au retour ne m’ont pas facilité le trajet ! Enfin, un des inspecteurs avait de grandes jambes avait un rythme rapide que mes petites enjambées avaient du mal à suivre, ce d’autant plus que devant les magnifiques paysages, je me suis arrêtée régulièrement pour prendre des photos ! 






Ce sentier était très fréquenté, car c’était jour de marché à Laferme, nous avons donc croisé de nombreux villageois, des ânes bien chargés et quelques motos téméraires. Quand j’ai vu que la plupart des personnes avaient des petites sandales, des tongues ou aucune chaussure, je me dis que je ne peux pas me plaindre de mes basketts ! Il y a aussi certains élèves qui font tous les jours ce trajet pour aller à l’école soit entre 2h-3h de marche par jour ! Cela me conforte dans ma compréhension de l’absentéisme des élèves les jours de pluie ! Je n’ai pu m’empêcher de penser au dernier courrier reçu en tant que directrice l’été dernier, copie de la lettre de 5 parents d’élèves se plaignant à la direction générale de l’enseignement primaire que je m’étais permise de mettre des enfants d’une même fratrie dans deux bâtiments différents de l’établissement à moins de 200 m l’un de l’autre….. Pas de commentaires !   
          
L’école de David est composée de plusieurs bâtiments : un grand bâtiment, d’une salle unique avec trois murs à mi-hauteur afin de séparer 4 classes (1-2-4-5èmes) d’une soixantaine d’élèves à chaque fois. Comme le nombre de bancs est insuffisant (mais dans certains espaces, il n’y a pas plus de place), les élèves sont serrés les uns contre les autres et ont à peine la place pour écrire. Les élèves sont nombreux, car c’est la seule école au village, il n’y en a pas d’autres jusque Laferme. Pas  vraiment de fenêtres, mais un espace entre le toit et le mur pour laisser la lumière entrer des espaces/ porte pour l’évacuation. Un deuxième petit bâtiment avec la classe de 6ème et le petit de l’inspecteur. Enfin, l’église, dont les murs sont partiellement démolis, où se regroupent une classe de 3ème et les deux groupes du préscolaire. J’ai assisté à un moment de leçons dans chacune des classes du grand bâtiment, j’ai vu la distribution des repas de la cantine (riz et sauce) aux élèves (classe à tour de rôle afin de pouvoir réutiliser les assiettes et les cuillères) et nous avons eu un échange avec les enseignants de 12h à 13h. Enfin, la femme du directeur qui nous avait déjà préparé une collation à notre arrivée, nous a reçus chez elle pour un repas avant de reprendre le trajet du retour.




Le bâtiment principal avec ses quatre classes

















 Les deux classes du pré-scolaire dans l'église avec le mur de côté effondré !

Comme dans chaque école hors de la ville, le souci majeur des enseignants est le problème du retard des salaires, mais aussi du matériel manquant pour les élèves, que cela soit celui fournit par le BEMHEG (bureau des Eglises Méthodistes d’Haïti pour l’éducation générale) ou celui que les élèves doivent fournir. J’ai constaté que le problème du crayon manquant est répétitif comme je l’avais déjà constaté en Asie ou en Afrique. A David, j’ai vu les enfants d’une fratrie, n’ayant qu’un seul crayon pour tous, circuler d’une classe à l’autre pour se le passer ! Dans cette école, les enseignants ont juste un tableau noir à disposition, une petite table pour eux et pas d’armoires. Le matériel (par exemple les livres de lecture) est collecté en fin de matinée et déposé dans le bureau du directeur jusqu’au lendemain, car c’est le seul endroit qui a une porte qui peut être fermée à clé ! 

Les vendredis 26 février, 4 et 11 mars, j’ai donné à nouveau la formation « apprentissage du français-la lecture ». A chaque fois, ce sont une trentaine ou plus d’enseignants de 4-5 écoles différentes qui étaient présents. Le lundi 29 février, j’ai redonné la formation sur l’évaluation, mais cette fois aux directeurs du circuit de Léon et aux directeurs et conseillers pédagogiques des CREP. Je constate une fois de plus qu’il est très difficile de faire participer les personnes quand ils sont une trentaine…ils comptent toujours sur les autres pour s’exprimer à leur place. Comme à chaque fois, je suis vraiment remerciée pour mon intervention, mais je reste toujours dans le doute de savoir ce qui a été compris et ce qui va être retenu et appliqué.

Sinon, entre temps, j’ai préparé un résumé de la méthode Sodis, méthode désinfection de l’eau par irradiation scolaire, afin de la promouvoir lors de mes prochaines formations tout comme le système de la bouteille lumineuse (https://www.youtube.com/watch?v=vx_ca8kDIiM), deux moyens simples pouvant améliorer les conditions de vie des villageois. Je pense que j'ai préparé un jeu de ces documents pour tous les directeurs d’école afin mieux les faire connaître. Je continue aussi à préparer des documents de travail pour l’élaboration des examens trimestriels en français et en mathématiques et commence à envisager le contenu de la deuxième journée de formation avec les enseignants qui sera certainement centrée sur la production écrite. Je ne m’ennuie donc pas ! 

A propos des copies, je m’aperçois, comme aux Philippines, que notre format de papier A4 (hauteur 29,6 cm) n’existe pas ici !!! Soit il y a les copies normales (qui sont moins longues, 27,9 cm) soit les copies longues (soit 35,5 cm). Je pense que cela vient de l’utilisation des mesures anglaises. Le papier A3 est également introuvable.

Comme d’ici fin avril, j’aurai fini la première formation pour tous les enseignants et les divers documents cités ci-dessus, j’ai demandé une rencontre avec les trois inspecteurs afin de faire le point à mi-parcours et voir ce que je vais faire pour la suite. Je ne sais pas quand je les verrai, mais je suis en attente… En effet, en terminant la neuvième semaine, j'étais à un tiers de mon séjour et comme je vais m’absenter deux semaines, à mon retour fin mars, cela sera déjà la moitié !!!

Juste avant de partir en congé, les inspecteurs m'ont appris que la semaine de la reprise le 28 mars sera une semaine de formation pour tous les enseignants avec la venue de formateurs de Port-au-Prince. Les élèves auront donc une semaine de vacances supplémentaire ! Je participerai à cette formation dont personne n'a, pour l'instant, une idée du contenu ! Cela nous oblige aussi à déplacer une formation prévue et il faudra nous débrouiller pour trouver une autre date. Mais comme d'habitude tout est encore aléatoire !

Lors de mes différents déplacements pour aller dans les écoles, le Pasteur Exantius met son pick-up à disposition avec un chauffeur ou nous conduit lui-même en effet, il est le surintendant des écoles de Léon et est aussi intéressé à venir visiter des écoles. Heureusement le BEHMEG lui verse de l’argent pour l’essence afin qu’il rentre dans ses frais. Quand il conduit lui-même, nous écoutons des CD de chorales religieuses avec de beaux chants, mais je découvre qu’il existe aussi des CD de sermon (ou de prédication ?) de pasteurs enregistrés en direct dans des églises et qui peuvent parfois durer une heure ! Soyons honnêtes, ce ne sont pas mes CD préférés…. Cela fait beaucoup penser à ce qui se passe aux Etats-Unis avec une façon de parler très fort, des cris, etc. Comme je travaille au sein des écoles méthodistes, lors de chaque formation, nous commençons et finissons par un chant religieux et une prière. Enfin, quand je parle avec toutes ces personnes, je suis toujours étonnée de voir que le mot « demain » s’accompagne automatiquement de « si Dieu veut », par exemple : à demain si Dieu veut ! De même que toute phrase se rapportant au passé est accompagné de « grâce à Dieu », par exemple : j’ai bien dormi cette nuit grâce à Dieu.
Moi qui ne suis pas croyante, ces innombrables références me surprennent tout comme, lors des messes ou lors d’échanges avec les directeurs, d'entendre que Dieu permettra l’amélioration de la situation difficile. Je respecte les opinions de chacun, mais il m’est parfois malaisé de donner un sens à tout cela.

A propos du créole, je dois dire que je peine à progresser….Je le comprends de mieux en mieux, mais j'ai de la difficulté à m’exprimer. Je fais des découvertes sur la langue : par exemple,  il n’y a quasiment pas de déterminant et très rarement devant le mot, au lieu de dire « la maison », ils disent « maisonla ou cayela ou cayemouew » (ma maison), on dit aussi penséesnous pour nos pensées. Le « il » se dit « li », un homme un moun, un enfant un petit moun. Pour la conjugaison des verbes, c’est en fait le pronom + le verbe à l’infinitif+ un mot qui indique la temporalité (présent, passé, futur). Par rapport au français, tous les r en fin de syllabe disparaissent : bonsoi, bonjou, mato (pour marteau) et les sons sont simplifiés (eau, au et o sont toujours o en créole !).
Il y a aussi de « savoureuses » expressions usuelles : quand tu souhaites « Bonne journée ! », on va te répondre « partagé  ou réciproquement », il est rare qu’on te dise « à toi aussi ». Quand tu oublies de faire quelque chose, tu ne dis pas « j’ai oublié de…. », mais « on dirait que j’ai oublié de …. ». Voilà cela se fait peu à peu et j’ai encore 4 mois pour progresser ! Par contre, je continue à m’exprimer en anglais avec les groupes d’américains qui logent au guest-house, il y a eu trois groupes en 7 semaines qui restent environ une dizaine de jours.

Voilà, le 13 mars, je partirai en Artibonite (au centre du pays) pour partager une semaine avec Céline Nérestant et puis visiter une petite semaine Cap Haïtien et sa région. Je vais voyager en bus et prévoit deux jours pour l’aller et deux pour le retour avec une nuit à Port-au-Prince à chaque fois.

Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite une très belle continuation.
Cordialement.
Ariane

vendredi 26 février 2016

Semaine 6 et 7 : la routine commence



Tout d’abord je veux être claire sur le titre de cet article : quand je parle de routine, je parle d’habitudes qui s’installent et n’y mets aucune connotation négative ! :-)
Ces 6ème et 7ème semaine étaient du 8 au 21 février, mais la connexion wifi étant mauvaise depuis dimanche dernier, je ne mets cet article que le 27 ! 

De plus, avant de continuer, je tiens également à prier les lecteurs d’excuser mes erreurs de frappe ou d’orthographe. Quand je relis les articles précédents, je retrouve toujours des erreurs que je n’avais pas vues dans le feu de l’action et ce malgré une ou deux relectures… ll faut dire que, généralement, je les perçois mieux lorsque je relis un papier plutôt qu’à l’écran !
La semaine du 8 février a commencé par un congé de trois jours : deux pour le Carnaval et un pour le mercredi des Cendres. Ayant eu un aperçu des cortèges de pré-carnaval avec de nombreuses personnes qui défilent en dansant, n’aimant pas particulièrement être au milieu de foules (je me sens insécure et les odeurs de transpiration ne sont pas terribles), je suis restée tranquillement avec ma famille à la maison, même si j’ai été me promener un peu en ville dans l’après-midi. De plus, les enfants ayant une grande quantité de devoirs à faire, cela nous a pris pas mal de temps (j’aime bien les faire avec eux, car je me rends mieux compte de l’enseignement des enseignants). Sinon j’ai appris la danse du Madison à Mitsy et à une de ses copines. Nous avons aussi beaucoup joué aux cartes (bataille, bataille double, différentes réussites, etc.). Ajoutez à cela le plaisir de lire avec ma liseuse (merci l’équipe TA/GC), un peu de lessive, de nettoyages et vous aurez trois jours tranquilles, reposants et agréables. Du coup, lors de mon retour au travail le jeudi, cela m’a fait tout bizarre !
Je suis surprise de voir que les enfants de ma famille ne sortent jamais sauf pour les répétitions de chorale le samedi matin et la messe le dimanche. Les jours d’école, ils rentrent immédiatement à la maison et ne ressortent pas. Ils reçoivent rarement des amis et passent leurs journées devant la tv quand il y a de l’électricité, et la tablette ou l’ordinateur quand il n’y en a pas ! La maman est plus active, mais ne partage pas d’activités avec eux. 
En même temps, c'est vrai qu'il fait chaud et qu'il n'y a pas grand chose à faire dans les environs. Ce d'autant plus, que chaque route est en pente et si c'est agréable de descendre la montée est toujours ardue (pente comme la rampe du pont du Centenaire à PLO pour ceux qui connaissent !).  Du coup, je comprends mieux leurs problèmes de poids, sans compter qu’ils mangent des proportions étonnantes au repas. Je pense que souvent ils mangent quasiment le double de moi et pourtant j’ai plutôt tendance à prendre du poids qu’à en perdre (à mon grand désespoir) ! 



La maison où je vis...
Les chambres au premier étage, on ne voit pas la mienne !




L'immense table de la salle à manger avec ses chaises massives pour 20 personnes !

La vue quand on sort de la propriété !



















Vendredi 12 et vendredi 19, j’ai donné une formation sur l’apprentissage du français en axant ma présentation sur l’importance de la lecture, en insistant que lire ce n’est pas seulement déchiffrer ou réciter par cœur, mais c’est surtout comprendre le texte, se questionner autour du sens et s’approprier la culture, le fonctionnement de la langue. La première séance a eu lieu à l’école presbytériale de Bois Neuf Malor. Etre une école presbytériale signifie que l’enseignement se fait dans l’église, par manque de locaux. Dans celle-ci, une classe de préscolaire avec les enfants de 4 à 6 ans, la classe de 1-2 AF (années fondamentales), la classe de 3-4AF et la classe de 5AF travaillent ensemble, soit 4 classes dont trois double-degrés. Chaque classe dispose d’une partie de la salle et d’un p anneau qui sert de tableau noir. La classe de 6ème AF travaille dans un « local » de briques de 2mx3m environ. La porte ouverte sur la route et la vie de village augmentent encore le bruit. Des conditions incroyables et pourtant malheureusement habituelles…. Je n’ai pas assisté aux leçons, car quand je donne les séminaires, les élèves sont libérés afin que je puisse travailler avec les enseignants, mais je n’ose imaginer cet enseignement !
Heureusement, une association américaine a pris en charge la construction de classes qui pourront être ouvertes à la prochaine rentrée. Les travaux sont en cours et l’école va ainsi devenir une école mère et pouvoir accueillir davantage d’élèves, même si les classes ne m’ont pas paru très grandes. Mais il reste encore de nombreuses écoles qui ont de telles conditions !


L'église où travaillent 4 classses ....



Le local des 6èmes 



Notre séance de travail !










 
Pour nous rendre dans cette école, nous avons été en moto, moi en tant que passagère ; l’inspecteur qui conduisait avait décidé d’y aller très tranquillement afin de ne pas me faire peur (ou est-ce parce qu’il n’a pas l’habitude d’avoir une passagère corpulente qui change l’équilibre de la moto dans les virages ?). Il y a, je pense, une quinzaine de km à faire et c’est la route qui mène aux Cayes/Port-au-Prince. Quasiment toute la route est goudronnée, sauf les 2 derniers km, donc un voyage agréable, même si la forte pluie de la nuit avait rendu certains ponts métalliques glissants ou permis des grandes flaques d’eau à éviter. Sur le chemin du retour, j’ai pu prendre plein de photos et c’était très chouette, ce d’autant plus, qu’en descente, les motards coupent le moteur afin d’économiser l’essence et il n’y a pratiquement que de la descente pour revenir à Jérémie. Donc de beaux paysages à admirer quasiment dans le silence !

Inspecteur Gédéon Biron, mon chauffeur du jour


Le pont à l'entrée ( ou la sortie....) de Jérémie...
Il permet de franchir une importante rivière et surtout a permis de relier Jérémie à la route menant aux Cayes et à Port-au-Prince
Sur la photo, de loin, l'inspecteur Matthieu Saint-Clair


Un pont très glissant à l'aller, car le métaé était mouillé par la pluie nocturne, de plus les plaques sont pleines d'irrégularités...









Pour les formations, les enseignants de trois écoles sont regroupés. Le premier vendredi, il y avait 9 enseignants, un conseiller pédagogique  et trois inspecteurs,  le deuxième vendredi j’ai travaillé avec 25 enseignants et des conseillers pédagogiques(qui travaillent uniquement dans les écoles rurales - CREP). Il manquait une dizaine d'enseignants, car il a plu la nuit  Heureusemen, car j’avais demandé, si possible, de ne pas travailler avec plus de 25-30 personnes afin de les rendre plus actifs ! Initialement, les séances devaient durer de 9h à 13h, mais elles ne commencent en général pas avant 9h20 quand la majorité des personnes attendues sont là. Après un chant religieux, une prière et l’introduction d’inspecteur, je peux prendre les commandes. Initialement, il devait y avoir une seule pause de 30’, mais j’ai découvert le premier vendredi qu’un repas est également prévu. Dès lors, nous prenons une pause de 20’ en cours de matinée, stoppons 30’ pour le repas à midi et travaillons jusqu’à 14h… Enfin, si tout va bien, vu qu’en général il y a toujours des surprises ! Je continue à penser qu’ici le mot fondamental reste « aléatoire », mais cela se comprend au vu des conditions de vie !
J’ai également décidé de prendre à ma charge les frais de copies (qui ne sont vraiment pas très chers, environ 10.- CFH par formation, mais qui sont vite onéreux pour eux) afin de donner à chaque enseignant 3-4 pages de synthèse de ma présentation pour qu’ils en gardent une trace et puissent la relire tranquillement.
Dans les écoles rurales et en campagne, de nombreux enseignants maîtrisent difficilement le français, j’essaie donc de parler simplement, je répète plusieurs fois les éléments principaux et donne des exemples concrets. Enfin, il y a aussi toute une partie pratique où les enseignants doivent se mettre au travail en commençant à préparer le travail de français pour une des semaines à venir afin d’essayer de mettre en place les propositions reçues. Chacun fait de son mieux, mais je me demande ce que certains ont compris…  Comme je l’ai dit, je me mets à disposition en donnant mon numéro de téléphone. Pour le moment, je n’ai reçu qu’un message me signalant les retards de salaires et leurs difficultés économiques : difficile pour moi de les aider réellement dans ce domaine !
Les formations de français vont alterner avec les formations sur l’évaluation et ,à part quelques retouches dues à la mise en pratique, je n’ai plus grand-chose à faire pour l'instant. Je vais donc retravailler la proposition d’items pour les examens et voir avec les inspecteurs sur quoi ils aimeraient que je réfléchisse, sinon les journées de travail vont me sembler ennuyeuses !

La semaine du 15 février, je me suis réveillée plusieurs fois vers 4h30-5h, et impossible de me rendormir. Heureusement que je m’endors tôt, vers 22h, ainsi j’ai tout de même assez d’heures de sommeil. Ces éveils m’ont permis de voir qu’un jour les cloches de l’église la plus proche ont sonné à 5h20 et 5h40 et le lendemain à 5h05 et 5h30 bizarre non ? De plus, la première fois, quelle que soit l’heure, les cloches sonnent 3x3 coups, puis 19 coups et enfin un coup avec une cloche grave. La deuxième fois c’est 29 coups et 2 coups graves. Je n’y comprends rien !!! En plus, je ne l’entends ni avant ni après ! Cela est-il pour indiquer des services religieux et non pas l’heure ? 
Depuis lundi 15, le guest-house accueille un nouveau groupe de 9 américains pour 10 jours. Ils viennent aussi du Michigan et sont de l’église méthodiste, comme le groupe précédent. Ils viennent chaque année pour soutenir un orphelinat. Ils ont aussi apporté des gros, gros sacs de matériel pour les distribuer. Comme je partage mes repas avec eux, cela me permet de pratiquer mon anglais. Le dimanche 1, nous avons été à une messe à Bonbon, car le pasteur travaille avec eux et ensuite nous avons été à la plage, la même que celle où j'avais déjà été avec le groupe précédent. Ensuite, le jour de leur départ, il y aura à nouveau un autre groupe qui arrive. Cela implique une organisation différente pour l’utilisation des salles d’eau, du wifi disponible et du bruit (pourquoi se lèvent-ils tous à 6h ???), mais rien de grave.




Eh oui les murs de cette église sont en bâches tendues ...


Et quel plaisir de voir le bonheur des musiciens accompagnants les nombreux chants durant les 2h de culte avec leurs instruments "maison", ici le batteur !














Ma famille vient d’apprendre que, lorsque le pasteur reviendra en août, il sera affecté à Port-au-Prince où un logement meublé leur est attribué. Ils étaient installé à Jérémie depuis plus de 4 ans, c’est donc un changement important et peut-être un peu plus délicat que le précédent avec les enfants qui ont grandi. Mais en même temps, les enfants, au contraire de leur mère, ont créé tellement peu de contacts hors école que cela va peut-être être plus facile que ce que j’imagine ? En tout cas, ce n'est pas facile pour tous de prévoir ce nouveau changement !
 
Je vais prendre deux semaines de « congé » du 13 au 27 mars, car ici cela sera la semaine d’examens du deuxième trimestre puis la semaine de congé de Pâques. Je vais aller voir Céline, une ex-enseignante genevoise qui travaille à Haïti depuis de nombreuses années et qui a fondé sa famille ici en épousant un haïtien, ils vivent en Artibonite au centre de l’île. Après une petite semaine avec eux, j’irai visiter Cap Haïtien tout au nord de l’île avant d’attaquer la longue traversée du retour pour me permettre de rejoindre Jérémie pour la reprise de l’école le 28 mars. Cela sera certainement ma seule possibilité de découvrir ce pays avant mon départ, en dehors de la région où je vis. 
Voilà, à la fin de cette 7ème semaine ( en date du 21 février) , j’ai toujours autant de plaisir et espère que je suis utile à ceux qui m’entourent, c’est déjà ¼ du séjour qui est écoulé ! Une fois de plus, je ne vois pas le temps passer !
Bonne continuation à vous tous et merci encore pour votre intérêt !
Bises et  à bientôt !
Ariane