vendredi 26 février 2016

Semaine 6 et 7 : la routine commence



Tout d’abord je veux être claire sur le titre de cet article : quand je parle de routine, je parle d’habitudes qui s’installent et n’y mets aucune connotation négative ! :-)
Ces 6ème et 7ème semaine étaient du 8 au 21 février, mais la connexion wifi étant mauvaise depuis dimanche dernier, je ne mets cet article que le 27 ! 

De plus, avant de continuer, je tiens également à prier les lecteurs d’excuser mes erreurs de frappe ou d’orthographe. Quand je relis les articles précédents, je retrouve toujours des erreurs que je n’avais pas vues dans le feu de l’action et ce malgré une ou deux relectures… ll faut dire que, généralement, je les perçois mieux lorsque je relis un papier plutôt qu’à l’écran !
La semaine du 8 février a commencé par un congé de trois jours : deux pour le Carnaval et un pour le mercredi des Cendres. Ayant eu un aperçu des cortèges de pré-carnaval avec de nombreuses personnes qui défilent en dansant, n’aimant pas particulièrement être au milieu de foules (je me sens insécure et les odeurs de transpiration ne sont pas terribles), je suis restée tranquillement avec ma famille à la maison, même si j’ai été me promener un peu en ville dans l’après-midi. De plus, les enfants ayant une grande quantité de devoirs à faire, cela nous a pris pas mal de temps (j’aime bien les faire avec eux, car je me rends mieux compte de l’enseignement des enseignants). Sinon j’ai appris la danse du Madison à Mitsy et à une de ses copines. Nous avons aussi beaucoup joué aux cartes (bataille, bataille double, différentes réussites, etc.). Ajoutez à cela le plaisir de lire avec ma liseuse (merci l’équipe TA/GC), un peu de lessive, de nettoyages et vous aurez trois jours tranquilles, reposants et agréables. Du coup, lors de mon retour au travail le jeudi, cela m’a fait tout bizarre !
Je suis surprise de voir que les enfants de ma famille ne sortent jamais sauf pour les répétitions de chorale le samedi matin et la messe le dimanche. Les jours d’école, ils rentrent immédiatement à la maison et ne ressortent pas. Ils reçoivent rarement des amis et passent leurs journées devant la tv quand il y a de l’électricité, et la tablette ou l’ordinateur quand il n’y en a pas ! La maman est plus active, mais ne partage pas d’activités avec eux. 
En même temps, c'est vrai qu'il fait chaud et qu'il n'y a pas grand chose à faire dans les environs. Ce d'autant plus, que chaque route est en pente et si c'est agréable de descendre la montée est toujours ardue (pente comme la rampe du pont du Centenaire à PLO pour ceux qui connaissent !).  Du coup, je comprends mieux leurs problèmes de poids, sans compter qu’ils mangent des proportions étonnantes au repas. Je pense que souvent ils mangent quasiment le double de moi et pourtant j’ai plutôt tendance à prendre du poids qu’à en perdre (à mon grand désespoir) ! 



La maison où je vis...
Les chambres au premier étage, on ne voit pas la mienne !




L'immense table de la salle à manger avec ses chaises massives pour 20 personnes !

La vue quand on sort de la propriété !



















Vendredi 12 et vendredi 19, j’ai donné une formation sur l’apprentissage du français en axant ma présentation sur l’importance de la lecture, en insistant que lire ce n’est pas seulement déchiffrer ou réciter par cœur, mais c’est surtout comprendre le texte, se questionner autour du sens et s’approprier la culture, le fonctionnement de la langue. La première séance a eu lieu à l’école presbytériale de Bois Neuf Malor. Etre une école presbytériale signifie que l’enseignement se fait dans l’église, par manque de locaux. Dans celle-ci, une classe de préscolaire avec les enfants de 4 à 6 ans, la classe de 1-2 AF (années fondamentales), la classe de 3-4AF et la classe de 5AF travaillent ensemble, soit 4 classes dont trois double-degrés. Chaque classe dispose d’une partie de la salle et d’un p anneau qui sert de tableau noir. La classe de 6ème AF travaille dans un « local » de briques de 2mx3m environ. La porte ouverte sur la route et la vie de village augmentent encore le bruit. Des conditions incroyables et pourtant malheureusement habituelles…. Je n’ai pas assisté aux leçons, car quand je donne les séminaires, les élèves sont libérés afin que je puisse travailler avec les enseignants, mais je n’ose imaginer cet enseignement !
Heureusement, une association américaine a pris en charge la construction de classes qui pourront être ouvertes à la prochaine rentrée. Les travaux sont en cours et l’école va ainsi devenir une école mère et pouvoir accueillir davantage d’élèves, même si les classes ne m’ont pas paru très grandes. Mais il reste encore de nombreuses écoles qui ont de telles conditions !


L'église où travaillent 4 classses ....



Le local des 6èmes 



Notre séance de travail !










 
Pour nous rendre dans cette école, nous avons été en moto, moi en tant que passagère ; l’inspecteur qui conduisait avait décidé d’y aller très tranquillement afin de ne pas me faire peur (ou est-ce parce qu’il n’a pas l’habitude d’avoir une passagère corpulente qui change l’équilibre de la moto dans les virages ?). Il y a, je pense, une quinzaine de km à faire et c’est la route qui mène aux Cayes/Port-au-Prince. Quasiment toute la route est goudronnée, sauf les 2 derniers km, donc un voyage agréable, même si la forte pluie de la nuit avait rendu certains ponts métalliques glissants ou permis des grandes flaques d’eau à éviter. Sur le chemin du retour, j’ai pu prendre plein de photos et c’était très chouette, ce d’autant plus, qu’en descente, les motards coupent le moteur afin d’économiser l’essence et il n’y a pratiquement que de la descente pour revenir à Jérémie. Donc de beaux paysages à admirer quasiment dans le silence !

Inspecteur Gédéon Biron, mon chauffeur du jour


Le pont à l'entrée ( ou la sortie....) de Jérémie...
Il permet de franchir une importante rivière et surtout a permis de relier Jérémie à la route menant aux Cayes et à Port-au-Prince
Sur la photo, de loin, l'inspecteur Matthieu Saint-Clair


Un pont très glissant à l'aller, car le métaé était mouillé par la pluie nocturne, de plus les plaques sont pleines d'irrégularités...









Pour les formations, les enseignants de trois écoles sont regroupés. Le premier vendredi, il y avait 9 enseignants, un conseiller pédagogique  et trois inspecteurs,  le deuxième vendredi j’ai travaillé avec 25 enseignants et des conseillers pédagogiques(qui travaillent uniquement dans les écoles rurales - CREP). Il manquait une dizaine d'enseignants, car il a plu la nuit  Heureusemen, car j’avais demandé, si possible, de ne pas travailler avec plus de 25-30 personnes afin de les rendre plus actifs ! Initialement, les séances devaient durer de 9h à 13h, mais elles ne commencent en général pas avant 9h20 quand la majorité des personnes attendues sont là. Après un chant religieux, une prière et l’introduction d’inspecteur, je peux prendre les commandes. Initialement, il devait y avoir une seule pause de 30’, mais j’ai découvert le premier vendredi qu’un repas est également prévu. Dès lors, nous prenons une pause de 20’ en cours de matinée, stoppons 30’ pour le repas à midi et travaillons jusqu’à 14h… Enfin, si tout va bien, vu qu’en général il y a toujours des surprises ! Je continue à penser qu’ici le mot fondamental reste « aléatoire », mais cela se comprend au vu des conditions de vie !
J’ai également décidé de prendre à ma charge les frais de copies (qui ne sont vraiment pas très chers, environ 10.- CFH par formation, mais qui sont vite onéreux pour eux) afin de donner à chaque enseignant 3-4 pages de synthèse de ma présentation pour qu’ils en gardent une trace et puissent la relire tranquillement.
Dans les écoles rurales et en campagne, de nombreux enseignants maîtrisent difficilement le français, j’essaie donc de parler simplement, je répète plusieurs fois les éléments principaux et donne des exemples concrets. Enfin, il y a aussi toute une partie pratique où les enseignants doivent se mettre au travail en commençant à préparer le travail de français pour une des semaines à venir afin d’essayer de mettre en place les propositions reçues. Chacun fait de son mieux, mais je me demande ce que certains ont compris…  Comme je l’ai dit, je me mets à disposition en donnant mon numéro de téléphone. Pour le moment, je n’ai reçu qu’un message me signalant les retards de salaires et leurs difficultés économiques : difficile pour moi de les aider réellement dans ce domaine !
Les formations de français vont alterner avec les formations sur l’évaluation et ,à part quelques retouches dues à la mise en pratique, je n’ai plus grand-chose à faire pour l'instant. Je vais donc retravailler la proposition d’items pour les examens et voir avec les inspecteurs sur quoi ils aimeraient que je réfléchisse, sinon les journées de travail vont me sembler ennuyeuses !

La semaine du 15 février, je me suis réveillée plusieurs fois vers 4h30-5h, et impossible de me rendormir. Heureusement que je m’endors tôt, vers 22h, ainsi j’ai tout de même assez d’heures de sommeil. Ces éveils m’ont permis de voir qu’un jour les cloches de l’église la plus proche ont sonné à 5h20 et 5h40 et le lendemain à 5h05 et 5h30 bizarre non ? De plus, la première fois, quelle que soit l’heure, les cloches sonnent 3x3 coups, puis 19 coups et enfin un coup avec une cloche grave. La deuxième fois c’est 29 coups et 2 coups graves. Je n’y comprends rien !!! En plus, je ne l’entends ni avant ni après ! Cela est-il pour indiquer des services religieux et non pas l’heure ? 
Depuis lundi 15, le guest-house accueille un nouveau groupe de 9 américains pour 10 jours. Ils viennent aussi du Michigan et sont de l’église méthodiste, comme le groupe précédent. Ils viennent chaque année pour soutenir un orphelinat. Ils ont aussi apporté des gros, gros sacs de matériel pour les distribuer. Comme je partage mes repas avec eux, cela me permet de pratiquer mon anglais. Le dimanche 1, nous avons été à une messe à Bonbon, car le pasteur travaille avec eux et ensuite nous avons été à la plage, la même que celle où j'avais déjà été avec le groupe précédent. Ensuite, le jour de leur départ, il y aura à nouveau un autre groupe qui arrive. Cela implique une organisation différente pour l’utilisation des salles d’eau, du wifi disponible et du bruit (pourquoi se lèvent-ils tous à 6h ???), mais rien de grave.




Eh oui les murs de cette église sont en bâches tendues ...


Et quel plaisir de voir le bonheur des musiciens accompagnants les nombreux chants durant les 2h de culte avec leurs instruments "maison", ici le batteur !














Ma famille vient d’apprendre que, lorsque le pasteur reviendra en août, il sera affecté à Port-au-Prince où un logement meublé leur est attribué. Ils étaient installé à Jérémie depuis plus de 4 ans, c’est donc un changement important et peut-être un peu plus délicat que le précédent avec les enfants qui ont grandi. Mais en même temps, les enfants, au contraire de leur mère, ont créé tellement peu de contacts hors école que cela va peut-être être plus facile que ce que j’imagine ? En tout cas, ce n'est pas facile pour tous de prévoir ce nouveau changement !
 
Je vais prendre deux semaines de « congé » du 13 au 27 mars, car ici cela sera la semaine d’examens du deuxième trimestre puis la semaine de congé de Pâques. Je vais aller voir Céline, une ex-enseignante genevoise qui travaille à Haïti depuis de nombreuses années et qui a fondé sa famille ici en épousant un haïtien, ils vivent en Artibonite au centre de l’île. Après une petite semaine avec eux, j’irai visiter Cap Haïtien tout au nord de l’île avant d’attaquer la longue traversée du retour pour me permettre de rejoindre Jérémie pour la reprise de l’école le 28 mars. Cela sera certainement ma seule possibilité de découvrir ce pays avant mon départ, en dehors de la région où je vis. 
Voilà, à la fin de cette 7ème semaine ( en date du 21 février) , j’ai toujours autant de plaisir et espère que je suis utile à ceux qui m’entourent, c’est déjà ¼ du séjour qui est écoulé ! Une fois de plus, je ne vois pas le temps passer !
Bonne continuation à vous tous et merci encore pour votre intérêt !
Bises et  à bientôt !
Ariane

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