Après mon voyage de 15 semaines aux Philippines, me voici partie pour une nouvelle mission de 27 semaines sur l’île d’Haïti. Après un passage à Port-au-Prince et Pétionville, je me rendrai quasiment à l’extrémité sud-ouest de l’île, dans la ville de Jérémie, région de la Grande-Anse. Lundi 4 janvier, l‘avion d’Air France en provenance de Miami a survolé l’île d’Haïti avant d’atterrir à Port-au-Prince, capitale de ce pays. Mon premier constat a été de voir une île très montagneuse, beaucoup plus que je ne le pensais (je découvre que les montagnes représentent le 80 % du pays), et des paysages « râpés » avec de la végétation, mais relativement peu, le déboisement massif et l’érosion étant en effet deux des grands soucis actuels. Fini les paysages tropicaux des Philippines : il y a des palmiers au bord de la mer, mais beaucoup plus d’arbres boisés.
Après des formalités durant lesquelles j’ai dû remplir
trois fois le formulaire d’entrée, car les erreurs ne sont pas acceptées (mon
réveil à 5h du matin- heure locale, après une nuit très hachée, ne me rendait
pas très attentive :-( ),
j’ai constaté qu’il manquait une de mes deux valises (la petite remplie de
matériel pour les formations des enseignants). Une fois le passage aux
réclamations fait, j’ai été la dernière à sortir de l’aéroport, du coup la
porte de sortie était déjà fermée et elle a dû être réouverte pour moi !
Heureusement, j’étais attendue et M. Paul m’a directement conduite à
Pétionville, une banlieue de Port-au-Prince puisque les 7 km qui séparent les
deux centres sont partout construits et on ne voit pas quand on quitte une
ville pour l’autre. Très rapidement en quittant l’aéroport, les routes sont très
pentues, surtout à Pétionville. Si on comparait Lausanne à cette dernière,
notre ville lémanique serait presque plate ! Ici, il faut savoir bien
gérer les démarrages en côte !
Immédiatement, je constate que les rues, surtout sur
l’arrivée dans les carrefours, sont très défoncées…Des restes du séisme de
2010 ? Si les axes principaux sont goudronnés, je vois aussi que les
autres rues ne le sont pas. Il faut donc des voitures résistantes… Lorsqu’un
chauffeur m’a ramenée le lendemain chercher ma valise à l’aéroport, nous avons
pris des petites routes pour éviter les grands axes encombrés et alors j’ai
constaté que le terme de route est inexact, il s’agit de chemins caillouteux,
défoncés par des trous parfois remplis d’eau et de déchets qui traversent les
divers quartiers de Port-au-Prince. Il s’agit bien des dégâts causés par le
tremblement de terre. Partout des maisons en constructions ou des maisons de
tôles pour ceux qui n’ont pas les moyens de reconstruire. Sentiment de
dévastation et je sais que je ne n’ai pas vu les quartiers les plus atteints.
Lors de différents échanges, un haïtien m’a raconté le jour
du séisme et comment, quasiment par miracle, il venait de sortir de l’immeuble
qui s’est effondré en tuant tous les habitants et comment aussi sa propre
famille a survécu en quittant, par hasard et suite à une coupure d’électricité,
la maison familiale juste avant son effondrement. C’est très touchant et on se
rend compte de la terrible épreuve vécue par ce peuple.
Mon premier transport ayant lieu aux environs de midi, la
circulation est assez calme. Il en est autrement le matin et à 16h, lorsque
tous les travailleurs font le trajet entre leurs habitations et leur lieu de
travail. Très vite et à chaque déplacement, je testerai les embouteillages de
la capitale (voir juste plus loin !).
J’ai remarqué des sortes minibus, appelés ici
« tap-tap », soit des voitures pick-up couvertes, dans lesquels
peuvent prendre place une dizaine de personnes pour se déplacer. Ce sont les
taxis du peuple et les transports publics.
Mon parcours vers 16h pour aller à un distributeur bancaire
a été très animé et ici, comme aux Philippines, on ne compte plus les coups de
klaxons, heureusement que mon chauffeur était un habitué ! L’impatience
des conducteurs provoque ces klaxons et chacun essaie de forcer le passage par
la droite ou la gauche et une voiture peut tout à coup se retrouver coincée
entre deux autres qui veulent se rabattre. Si leur patience est limitée et que
c’est possible, les conducteurs vont prendre des ruelles adjacentes, même si
elles sont quasiment impraticables. Il vaut mieux avoir un 4x4 et une voiture
assez surélevée, sinon attention les dégâts.
Aucun passage piéton est tracé au sol, alors les traversées
pour les piétons sont « sportives » ! Partout de petites
boutiques et des marchands installés à même le sol, des bâches sur lesquelles
sont exposés des tas de chaussures, des fruits/légumes, des pneus, des habits
etc. Mais aussi l’exposition de peintures, car Haïti possède de très nombreux
artistes. Parfois, un gros tas d’ordures, de bouteilles de plastique, de tv
hors d’usage, au coin d’une rue, débordant sur la route ou tout simplement une
route défoncée rendent malaisé la circulation, surtout s’il y a un carrefour !
Dans
ce pays, il y a 6h de décalage avec Genève (6h en moins, donc quand il est midi
à Genève il est 6h du matin à Haïti). Ayant dormi une nuit à Miami, cela me
permet déjà de prendre le rythme… La nuit tombe vers 17h30 et le dîner a donc
lieu assez tôt (vers 18h30). Une fois de plus, je constate, comme en Asie et en
Afrique, que l’alternance jour-nuit règle beaucoup plus les habitudes de vie
que chez nous !
Dans la pension dans laquelle je vis, je mange de
délicieux buffets au petit-déjeuner et au souper, il n’y a pas de dîner ! Au déjeuner, il y a toujours des céréales, des fruits et du
jus de fruits frais chaque jour différents, des œufs préparés chaque jour
autrement, de la confiture, des cakes/pancakes/pain (selon les jours). Au
souper, de la salade, des légumes chauds, de la viande ou du poisson, des
beignets de bananes ou autres ou des frites, du riz. C’est très bon et
copieux !
Ici la monnaie locale est la gourde haïtienne (si,si…) et
1.- CHF correspond à environ 56 gourdes, tout comme 100 gourdes correspondent
environ à 1,80 CHF. J’ai constaté qu’il y a un certain nombre de billets
(1’000,500, 250, 100, 50, 25, 10 et des pièces de monnaie, même si je n’ai vu
pour le moment que des pièces de 5 et 1 gourdes). A beaucoup d’endroits, le
prix est également indiqué en dollars américains qui sont aisément acceptés.
La saison des pluies a terminé fin novembre, et il fait actuellement
entre 28-30 degrés la journée, une température
minimale entre 19 et 21. L’humidité est d’environ 60 %. C’est donc des
conditions plus douces qu’aux Philippines, la saison chaude commencera en mai.
Pour le moment, je trouve cela agréable et ai renoncé au ventilateur dans ma
chambre, car cela rend l’air trop frais….
Depuis quelques années, le créole est considéré comme une
langue tout comme le français, dès lors un grand nombre de gens ne parlent plus
autre chose que le créole. Cependant, ceux qui ont fréquenté des écoles parlent
aisément français et/ou anglais, notamment s’ils doivent avoir contact avec des
étrangers. L’espagnol est aussi appris par certains, notamment ceux qui
souhaitent des liens avec la République Dominicaine où émigrent de nombreux
Haïtiens.
Voilà mes toutes premières impressions… D’ici peu je vous
donnerai mes premières expériences dans le cadre de ma mission !
Au plaisir de vous retrouver bientôt !
Ariane
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